Genre : Tranche-de-vie / Fantastique
Vrai ou faux
Après les 3 premiers tomes de la série qui m’ont fascinés, que vaut la suite de Kowloon Generic Romance avec son tome 4 ?
Reiko comprend qu’elle n’est pas vraiment Reiko, mais une copie de cette personne. Ses souvenirs, son comportement et son aspect appartiendraient à une autre ? Mais comment peut-elle simplement la copie d’une autre personne ? Le professeur Hebinuma et son compagnon Guen ont l’air d’en savoir plus sur la question, mais le cas de Reiko semble les intriguer aussi, notamment à cause de la présence de ce grain de beauté qui est normalement impossible à copier lors d’un clonage.
Du point de vue de Reiko, cette situation lui échappe mais ne lui convient pas, bien qu’elle soit apparemment une reproduction d’une Reiko Kujirai qu’elle ne connait pas, elle est une personne unique et n’a pas à remettre son existence en question. Elle décide alors de se surnommer « Reiko A » et d’être la version absolue d’elle-même.
La comparaison entre les diamants et les zircons devient alors extrêmement belle et pertinente : ce n’est pas parce qu’un zircon n’est pas un diamant qu’il ne reste pas une magnifique pierre dont l’aspect est quasiment similaire.
Ce tome 4 est donc un tome qui axe la majorité de sa narration sur les réflexions autour du concept de copie, d’originalité, la nostalgie et donc de la volonté du monde à recréer voire copier ce qui le rend heureux, ou l’a rendu heureux. Dans notre société actuelle, la contrefaçon n’est-elle pas un bel exemple ? Quand on voit une paire de basket de marque qui ressemble en tout point à une autre et dont on est fier, mais qu’on apprend que c’est « une fausse ». Outre l’aspect juridique de la chose, d’un point de vue purement matériel, qu’est-ce que signifie posséder une fausse paire de chaussure, alors qu’elle est bien réelle et à nos pieds ?
Le parallèle se fait avec la ville de Kowloon elle-même, qui a effectivement été rasée en 1994, comme je le pressentais dans mon article de découverte. Mais dans ce cas où se déroule réellement cette histoire ? Et pourquoi avoir recréé une cité comme Kowloon ? Par nostalgie ? Une telle cité insalubre n’a pourtant pas lieu d’être aujourd’hui.
Ce qui toujours fait la force de Kowloon Generic Romance, c’est sa manière de soulever des questionnements existentiels de manière très douce dans des scènes du quotidien des personnages. De ce fait, la progression scénaristique paraît toujours un peu confuse, car les informations sont simplement distillées dans la vie à Kowloon.
Mais même si c’est difficile à suivre et d’anticiper où l’autrice souhaite mener son récit, la finesse de la narration et la qualité des dessins nous immerge totalement dans le concept. La mise en scène est parsemée d’idées brillantes comme ses passages du point de vue de Succès, le poisson de compagnie de Reiko. Tout en distorsion, le lecteur se retrouve à la place de ce poisson, à observer une réalité incompréhensible et sans la moindre influence possible dessus. L’autrice prendrait ses lecteurs pour des poissons rouges ? Probablement, mais je n’ai aucun problème avec ça ! Je me laisse volontiers porter par le flot des événements s’il continue à maintenir une telle qualité.
Les enjeux se précisent.
Le « triangle » amoureux entre Reiko A, Reiko B et Kujô.
La relation entre Guen et Hebinuma.
Des dessins et une mise en scène toujours magnifiques.
J’aimerais tellement savoir où cette histoire va (ou veut) aller !
Ce tome 4 précise davantage les enjeux en relevant des questionnements existentiels tout en continuant à montrer le quotidien de personnages qui vivent dans une société qui semble cacher bien des secrets. J’ai hâte d’en apprendre davantage sur la condition de Reiko et le lien potentiel de son clonage avec celui de Kowloon. Jun Mayuzuki continue de raconter une histoire complexe d’une rare douceur, et c’est un régal.