Tôgen Anki
Tome 3
Auteur : Yura Urushibara
Editeur : Dark Kana
Date de Sortie : 01 avril 2022
Genre : Action / Fantastique
Little Critique

Action !

Tôgen Anki revient après 2 tomes qui allaient piocher dans une multitude de références pour se calibrer et plaire au plus grand nombre, ce tome 3 parvient-il à définir davantage une identité propre à la série ? 

En termes de récit, le tome se concentre essentiellement sur l’assaut des Momotarô sur un QG des Oni. Bien que le principe de raid sur un camp ennemi ne sorte pas forcément des sentiers battus, les paramètres de cette attaque sont intéressants. Les pouvoirs des assaillants permettent de créer cette oppression très anxiogène en condamnant les Oni dans un espace clos. 

A l’instar d’un manga comme One Piece, pour citer le plus connu, la focale des “gentils” est posée sur le groupe qui est supposément “méchant” aux yeux de l’univers du manga. Les Oni sont historiquement des mauvais démons, tout comme les pirates de One Piece sont des hors-la-loi. Mais le récit montre sans grande subtilité la malveillance des Momotarô face aux pauvres Oni, ces victimes d’attaques qui sont des personnes honnêtes et qui ont des enfants innocents dans leurs rangs. L’objectif de l’auteur paraît clair, mais peut-être qu’un peu plus de nuance, un peu plus d’ambiguïté, aurait pu rendre les enjeux moins manichéens et plus profonds. Le tome permet néanmoins de comprendre un peu mieux la mentalité des deux factions opposées. 

La conclusion du tome se concentre sur le combat de Kuina, une membre des Oni. Ce passage mérite qu’on s’y attarde car sur le fond, j’ai trouvé sa caractérisation plutôt intéressante. Fondamentalement calquée sur l’archétype du personnage bourrin mais avec un cœur en or et une sensibilité exacerbée, son traitement est satisfaisant. Néanmoins, sur la forme, je trouve que le côté “fan service” de cette scène est un trop forcé de par le changement de tenue du personnage qui trouve miraculeusement cet ensemble parfaitement à sa taille. Enfin, ça plaît sûrement à un certain segment du lectorat ! 

Je salue toujours la précision chirurgicale des dessins et la lisibilité des scènes d’action, tout est très agréable à parcourir. Le manga reste dans une démarche de tout rendre très stylé. Il y a cette volonté presque forcée d’élégance dans tous les dialogues, les tenues et les poses. Même si les situations laissent souvent cette amère sensation de déjà-vu, cette classe omniprésente donne en réalité un certain cachet aux planches. Cette impression est néanmoins beaucoup due à l’emphase portée sur le personnage de Tsubakiri, très classieux dans son costume blanc à rayures. Mais un aspect graphique qui m’interpelle, c’est que les personnages souffrent du syndrome du “personnage principal” pour moi. Tous les figurants ont un traitement graphique très différent, très sommaire, notamment au niveau des visages très banals, alors que tous les personnages importants bénéficient de chara-designs travaillés. A moins que l’auteur ne se serve de ce paramètre pour justement jouer avec la perception du lecteur, en propulsant un de ces designs anecdotiques sous le feu des projecteurs, j’ai peur que cette pratique rende certaines scènes trop prévisibles. 

Toujours aussi plaisant graphiquement.

Tout est pensé pour être stylé.

La caractérisation de Kuina.

 

Du fan-service un peu forcé.

L’œuvre gagnerait à nuancer un peu plus le conflit opposant Oni et Momotarô.

 

Avec son tome 3, Tôgen Anki paraît moins “en kit”. Le récit commence à s’assumer davantage, bien qu’il se cherche encore un peu. Les dessins et la mise en scène insistent énormément sur l’envie de rendre toutes les cases très stylées, un parti pris que j’aime bien ! Je suis curieux de découvrir où va nous mener la suite.

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