Le Weekly Shonen Jump, magazine japonais de prépublication hebdomadaire est mondialement connu grâce à des séries telles que Dragon Ball, One Piece ou Naruto. Les titres publiés sont souvent des aventures épiques infusées de combat et de dépassement de soi, mais le magazine a une stratégie éditoriale intéressante. Sur un peu moins d’une vingtaine de séries qui présentent leur nouveau chapitre chaque semaine. l’éditeur mise généralement sur un ou deux titres purement comiques / loufoques, une ou deux comédie érotico-romantique ou encore sportives. Par la suite, ce sont les votes des lecteurs qui permettent de pérenniser une série ou si son arrêt va survenir prématurément.
Teenage Renaissance (Shishunki Renaissance! David-kun en japonais) se situe à 100% dans la case “série loufoque”, et trouve donc une place de choix et particulièrement adaptée dans la collection WTF?! des éditions Akata. Il s’agit d’une série purement comique et foncièrement absurde, mais pas que !
Mille mercis à Akata pour l’envoi de ce tome 1 que j’attendais avec une impatience non dissimulée.
La (bistou)quête amoureuse de David !
Je remercie chaleureusement Pierrickola, alias L’Apprenti Otaku de m’avoir offert l’exploitation de ce brillant jeu de mot
David, jeune adolescent en pleine puberté, est fou amoureux de la belle Vénus, la plus belle fille de l’école. Mais, serait-ce une comédie romantique absolument banale ? Essayons de relire cette phrase en ajoutant un peu de contexte.
David, jeune adolescent en pleine puberté et dont le corps et l’aspect sont en réalité la célèbre statue de David par Michel-Ange, est fou amoureux de la belle Vénus de Botticelli, la plus belle fille de la Louvre Academy. C’est tout de suite plus intrigant ! Dans le fond, Teenage Renaissance c’est effectivement une histoire d’amour, dans la forme c’est littéralement une œuvre-d’art !
Dès la première page, le consentement pour la suspension d’incrédulité chez le lecteur est requis. Les personnages humanoïdes ”normaux” côtoient des personnages directement inspirés de tableaux et sculptures de la Renaissance. Personne n’est choqué d’avoir des camarades de classe et/ou professeurs qui sont, entre autres, des statues de pierre à formes carrément variables. Je pense notamment à l’hilarant personnage Manneken-Pis, dont la particularité est de ressembler à un enfant qui urine en permanence, c’est d’ailleurs littéralement la signification de son nom en néérlandais : “Le petit homme [qui] pisse”. Il est directement inspiré de la statue du même nom, une fontaine urinant non-stop de l’eau à Bruxelles depuis le XVème Siècle.
De l’art ou du cochon ?
Il faut le dire honnêtement : l’humour de Teenage Renaissance est parfaitement graveleux. Les références au sexe ainsi que les blagues “pipi-caca” sont légion. Mais n’est-ce pas exactement ce qu’on attend d’un titre puisant l’intégralité de son inspiration d’un mouvement artistique dépeignant la majorité de ses personnages nus ?
Personnellement, j’ai été un peu surpris au premier abord car je ne m’y attendais pas, mais une fois entré dans le récit, la formule a très bien fonctionné sur moi qui suis très friand de thématiques absurdes et originales. Je reconnais cependant que ce genre d’humour ne plaira pas à tout le monde.
La majorité des scènes comiques se servent d’un schéma probablement inépuisable : Des situations à priori banales dans la vie des étudiant auxquelles on y ajoute le fait que certains personnages sont des statues ou des personnages de tableaux de la Renaissance. Le principe est si simple (et absurde!) et pourtant si drôle, il fallait y penser !
Ce manga, on Louvre avec plaisir !
L’auteur Kuroki Yûshin offre ici sa toute première œuvre sérialisée. Il y propose des dessins d’une rare délicatesse. Les personnages type « œuvre d’art” ont un traitement graphique extraordinaire, faisant complètement saisir le contraste avec les personnages type “manga” (difficile de les nommer différemment) dont le traitement est plus simple, mais tout aussi satisfaisant.
L’évolution graphique de l’auteur est aussi visible grâce au chapitre bonus en fin de tome, une histoire courte plutôt anecdotique qui avait été publiée dans le Weekly Shônen Jump quelques années auparavant. Une histoire de petites culottes offrant des pouvoirs au héros quand il les aperçoit qui révèle déjà néanmoins le potentiel comique (et graveleux) de l’auteur.
Les chapitres se terminent souvent sur des plans de personnages qui font, malgré eux, une reconstitution de peintures célèbres de la Renaissance. Toutes ces excellentes idées sont toujours documentées, sous forme de légendes, puis dans des pages explicatives entre les chapitres. Dans ces parties, l’auteur parvient à vulgariser, de manière très compréhensive (mais toujours drôle), de véritables petits cours d’histoire de l’art, permettant à tous les lecteurs de saisir les subtilités de ses idées, c’est brillant !
Du côté de l’édition, le livre a un format un peu épais, très agréable pour la lecture. De plus, la traduction est absolument parfaite avec des jeux de mot à tomber par terre dont je vous laisse la surprise de la découverte.
Un contexte follement original
Une polyvalence maîtrisée dans les dessins
Des références à foison et très bien documenté
Une traduction hilarante !
Le livre se finit trop vite pour laisser la place à une nouvelle très anecdotique
Je suis d’ores-et-déjà abattu de savoir que la série ne fera que 4 tomes au total
Un humour graveleux qui ne conviendra pas à tout le monde
J’attendais avec une grande impatience la sortie de Teenage Renaissance en français, car sa parution au Japon avait déjà attiré mon attention. Le contexte et quelques planches m’avaient vraiment convaincu d’espérer une édtion chez nous ! Je remercie Akata d’avoir fait le pari d’importer un titre de ce genre et je les encourage vivement à éditer d’autres loufoqueries du Weekly Shônen Jump.
Finalement, bien que l’humour gras m’a d’abord un peu surpris, j’ai passé un moment hilarant devant la (qué)quête amoureuse de David et je me réjouis terriblement de la suite !