Les Lames d'Ashura
One Shot
❤ Coup de Coeur !!
Les Lames d'Ashura
Auteur : Baptiste Pagani
Editeur : Ankama - Label 619
Date de Sortie : 29 janvier 2021
Genre : Action / Aventure
Big Découverte

Baptiste Pagani est de retour chez Ankama dans le label 619, la branche Punk de l’éditeur. Après sa participation à deux collectifs de ce même label (Doggybags T11 et Midnight Tale T03) et deux ans après la publication de son excellent premier one shot intitulé « The Golden Path », l’auteur nous livre Les Lames d’Ashura, une nouvelle histoire originale.

Il s’agit à nouveau d’un one shot de 160 pages transportant le lecteur dans les terres de Kalandra, un monde fictif aussi brutal que coloré. Nous y découvrons un redoutable gang nommé Les Lames d’Ashura, majoritairement composé de guerrières sanguinaires menées par les soeurs Shota et Ikari. Elles sont accompagnées d’Osman, leur jeune frère qui, avant d’être un guerrier, est un danseur très talentueux. Un sordide événement va bouleverser la routine de cette troupe de bandits qui va se plonger dans une quête obsessionnelle de vengeance mêlant conflits de genres et de religions.

Construite en trois actes, l’histoire est un « road movie » relativement classique. Cette simplicité dans la construction est très pertinente car elle permet de s’immerger totalement dans un récit hautement coloré et surtout très inclusif. Dès les premières cases, le cadre justifie un univers où la couleur des personnages, leur origine ethnique ou encore leur orientation sexuelle n’ont absolument aucune importance.

Les Lames d’Ashura est un véritable voyage dans un univers de contrastes. Une violente délicatesse (ou une délicate violence) anime toutes les situations, notamment les scènes qui opposent la sensualité de la danse d’Osman à la barbarie sanguinaire de ses sœurs.

Les contrastes sont également soutenus visuellement grâce à la fantastique direction artistique prise par l’auteur, particulièrement dans le choix des couleurs. Cette BD est un véritable voyage chromatique. J’ai rarement été autant bluffé par une telle audace dans la colorisation. Le ciel est parfois rose ou vert, l’herbe peut être bleue mais tout reste crédible, lisible et digeste. Impressionnant !

J’ai également aimé l’audace dans les traits extrêmement organiques des personnages, les rendant encore plus vivants et palpables. Les corps et visages sont malléables au service de leurs émotions, quitte à sacrifier la précision dans les proportions et l’anatomie. C’est un parti qui pourrait dérouter certains lecteurs, mais une fois que l’on accepte de se plier aux règles du langage artistique assumé de Baptiste Pagani, c’est un réel plaisir.

Je soulignerai également le travail apporté aux cases dans leur découpage et l’absence totale de contours marqués, apportant une dose de douceur supplémentaire dans le style visuel pour renforcer, une fois de plus, le contraste avec le contenu.

 Page de l’œuvre sur le site de l’éditeur

Les Lames d’Ashura propose un univers coloré et cohérent porté par une impressionnante direction artistique. J’ai adoré la démarche de l’auteur de rendre son œuvre très inclusive sans que cela ne paraisse forcé, une vraie prouesse.

Les personnages sont très bien écrits et portent efficacement le récit dont le rythme est rapide et maîtrisé.

J’aurais aimé connaître davantage les origines et le parcours de certains personnages, cependant le format one shot (de 160 pages !) a ses limites.

Quelques rares cases d’action sont un peu plus confuses et m’ont demandé un peu plus de concentration.

J’ai eu un véritable coup de cœur pour Les Lames d’Ashura. Les dessins peuvent avoir un effet polarisant chez les lecteurs, personnellement je fais partie de ceux qui adhèrent totalement à ce style.

Je m’intéresse à cet auteur depuis ses premières publications et j’aime beaucoup la variété de ses œuvres et de ses références. Cette BD me parle particulièrement parce que ses références résonnent très fort avec des titres qui m’ont marqués comme Hokuto no Ken (Ken le Survivant), ou encore Jojo’s Bizarre Adventure, notamment dans le choix des couleurs et des motifs.

Étonnamment, c’est principalement des références à des mangas qui me sautent aux yeux, c’est la peut-être que réside en partie le secret de mon appréciation pour Les Lames d’Ashura ?

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