Acte 2
Après une introduction très prometteuse et agréable à lire, merci à la narration et au trait si éthérés de Yuki Urushibara, que vaut ce second (et avant-dernier) tome de Flow ?
La série suit scrupuleusement la structure instaurée au premier tome, c’est-à-dire la résolution d’un flow par chapitre. Je rappelle qu’un flow est une sorte de bug de la réalité, généralement causé par un débordement d’émotions chez un être vivant. La nature des flows fait que tant que le problème est une altération du monde réel, il peut toucher n’importe quelle dimension, le temps ou l’espace. A partir de ce postulat, il est possible d’innover et de proposer des aventures originales à Hirota le chasseur de flows, Chima son assistante et Shachô leur chat.
Dans ma découverte du tome 1, je soutenais que l’emphase narrative et même graphique sur Shachô en faisait en réalité le personnage principal de l’œuvre, car sans lui, les flows ne seraient pas résolus. Mais à la lecture du tome 2, je m’aperçois que je me trompais. La focale se déplace vers un autre personnage. Bien que ce chat reste indispensable au bon déroulement des enquêtes, il est un peu plus en retrait dans ce tome. Ce chat, tout comme Hirota restent fidèle à eux-mêmes, pragmatiques et/ou nonchalants, alors que Chima prend de plus en plus d’importance dans le récit.
Comme la série ne fait que 3 tomes, c’est en réalité Chima qui occupe le fil rouge de cette histoire. Elle-même frappée par un flow lui donnant l’apparence de ses 12 ans alors qu’elle en a 35, ce qui l’handicape beaucoup dans son épanouissement professionnel et sentimental. C’est finalement sa quête qui maintient le lecteur en haleine. Hirota et Shachô restent cohérents avec eux-même, et n’évoluent pas réellement, contrairement à l’assistante.
Même si tous les chapitres sont intéressants, c’est celui qui s’intéresse au cas de Chima qui reste le plus dans ma mémoire. Le passage où elle pense avoir récupéré son apparence et qu’elle retrouve dans la foulée une vie “normale” avec un nouvel emploi et un début de romance, puis son brutal retour à sa réalité est particulièrement poignant. Atteinte d’un flow, quoi de mieux pour elle que de s’entourer de deux experts en la matière, pour espérer se libérer de cette affliction pour de bon ? C’est pourquoi c’est sa quête à elle qui est au centre du récit.
Le manga étant en 3 tomes, la structure scénaristique des 3 actes est finalement parfaitement identifiable jusqu’à maintenant :
Acte 1 – L’exposition : On prend connaissance des règles inhérentes aux flows, et de la situation de Chima.
Acte 2 – La confrontation : Chima est confrontée à son flow, mais cette situation est malheureusement soldée par un échec.
Si tout se passe selon ce plan, alors :
Acte 3 – La résolution : Je suis donc persuadé que la conclusion au tome 3 mettra une emphase complète sur Chima. C’est le fin mot de son flow à elle qui apportera une conclusion au récit, mais pas au quotidien de Hirota et son chat. La vie de ce dernier ne sera pas bouleversée, et que sa fin à lui sera plus nuancée, probablement ouverte, tandis que son assistante aura trouvé une résolution à sa quête.
Une ambiance toujours particulièrement réussie.
L’histoire se précise un peu plus avant la conclusion au prochain tome.
La couverture du tome est splendide.
Triste de devoir bientôt se séparer de ce joli concept.
Avec son tome 2, Yuki Urushibara continue de nous faire voyager dans son concept étrange, qui va si bien avec son style graphique et sa narration. Ce deuxième acte dans les péripéties des chasseurs de flows place finalement la focale sur Chima et son combat contre le flow dont elle est victime. Tout en bienveillance, c’est un plaisir de suivre ces enquêtes, et je suis vraiment curieux de découvrir si mes prédiction pour le tome 3 sont correctes ou si je me trompe une fois de plus.