Diamond in the Rough
Tomes 1 à 4
Auteur : Nao Sasaki
Editeur : Kana Shônen
Date de Sortie : 17 juin 2022 (tome 1)
Genre : Action / Aventure
Big Découverte

Kai est un garçon vivant dans une ville souterraine. Il n’a jamais vu la couleur du ciel et il ne sait pas à quoi ressemble l’océan. Depuis que sa famille s’est faite transformer en pierre devant ses yeux par un mystérieux agresseur, il s’est juré de les sauver en retrouvant cet homme malfaisant. Kai a aussi une jambe pétrifiée depuis cet incident, limitant grandement sa mobilité. Mais comment s’y prendre lorsqu’il ne sait même pas comment regagner la surface depuis là où il vit ? Un jour, un talentueux minéralogiste nommé Akeboshi arrive dans sa ville et c’est leur rencontre qui est le point de départ de cette aventure.

Dans cet univers, les minéralogistes sont des personnes ayant la faculté de manipuler les pierres précieuses et semi-précieuses afin d’en utiliser l’essence, généralement pour combattre, une forme d’alchimie en quelque sorte. Chaque personnage se voit attribuer une affinité naturelle avec un type de pierre tandis qu’il peut en manipuler d’autres sortes avec plus ou moins d’entraînement, à l’instar du nen de Hunter X Hunter pour les connaisseurs.

En tant que bon protagoniste de Shônen Manga, Kai a évidemment une affinité avec la pierre la plus précieuse qui soit : le diamant rouge, mais la nature de cette affinité semble liée à l’agression qu’il a subie. Désireux de vengeance et souhaitant maîtriser ses aptitudes de minéralogiste, il devient disciple d’Akeboshi qui le prend sous son aile pendant qu’ils partent à la recherche de l’homme qui a pétrifié sa famille.

Diamond in the Rough est publié aux éditions Kana depuis juin 2022. Ce manga de Nao Sasaki est passé relativement inaperçu sur les radars. La série compte déjà 4 tomes (en janvier 2023) et la suite est prévue pour le mois de mars. La parution japonaise (6 tomes sortis actuellement) se faisant rattraper à toute vitesse, le rythme de parution de cette série va bientôt ralentir de manière drastique. C’est l’occasion de craquer pour cette série, car même si elle ne réinvente rien, elle a de nombreuses qualités. D’autant plus que les 4 premiers tomes font office de grande introduction à cet univers et que le voyage commence réellement maintenant.

Un univers que gemme

Le monde de Diamond in the Rough rappelle les décors les plus inspirés de grands JRPG. Les villes sur le dos de dragons géants pétrifiées, des civilisations souterraines, voire sous-marines, qu’il faut atteindre grâce à des pouvoirs originaux, le dépaysement est complet. La satisfaction d’accompagner Kai et Akeboshi dans un tel voyage aux paysages inattendus est un vrai régal.

Les règles de cet univers sont très intéressantes, sans être trop complexes. Il existe une hiérarchie qui se dessine dans le cercle des minéralogistes, avec un fameux groupe d’élite comme on peut en voir dans beaucoup de fiction de ce genre. Au nombre de 12, ces entités importantes ne se dévoilent que très peu dans les quatre premiers tomes, mais leur existence semble étroitement liée aux quêtes de Kai.

Pour ce qui est des pouvoirs des personnages, il n’y a pas une logique simple et unique. La nature des compétences est donc liées aux pierres précieuses. Elles peuvent créer des flammes, renforcer des objets existants, voire invoquer des créatures. De ce côté, ça reste un peu confus à mon goût, et même si ce n’est pas aussi farfelu que le nen de Hunter X Hunter pour reprendre cet exemple, les aptitudes semblent hésiter entre simplicité et originalité. Cette hésitation donne un aspect un peu moins maîtrisé. Cependant, les scènes d’action restent parfaitement lisibles et magnifiquement représentées, donc il faut juste prendre place devant le spectacle et accepter que tout n’est pas forcément logique. Le plaisir de lecture reste maintenu, c’est le plus important.

Il existe également différents peuples chez les humanoïdes qui peuplent l’univers de Diamond in the Rough. Je pense notamment aux Mangeurs de Pierres, dont les compétences et particularités physiques sont très intéressantes.

Pour le meilleur et pour la pierre

Comme mentionné plus tôt, ces quatres premiers tomes font office d’introduction. Est-ce par pudeur de l’auteur qui attendait de voir le succès de son univers avant de déployer un récit plus vaste ou est-ce une décision des éditeurs ? Quoi qu’il en soit, l’histoire et la quête de vengeance amorcée dans le tome 1 est assez rapidement conclue. La quête qui aurait pu être le fil rouge d’une grande épopée se termine bien plus tôt que prévu en se débarassant de l’antagoniste pour laisser la place à un voyage initiatique qui s’annonce grandiose. Ce revirement dans le récit est à la fois original et rafraîchissant, il permet surtout de mettre en place tout un système de pouvoirs et de hiérarchie qui serviront de décors pour la suite. A partir de la fin du tome 4, tout peut arriver, et les nouveaux enjeux peuvent tenir sur plusieurs dizaines de tomes. A voir donc sur la durée !

Nao Sasaki est d’ailleurs plutôt doué pour surprendre le lecteur en désamorçant des enjeux graves de manière spontanée ou de mettre ses personnages principaux dans des situations plutôt critiques tout aussi spontanément. Il est alors très agréable de se laisser porter de surprise en surprise dans une histoire qui aurait pu être beaucoup moins originale qu’elle ne paraît. Attention cependant, même si la forme de Diamond in the Rough est particulièrement sympathique, la série reste quand même plutôt classique dans son fond et ce n’est pas quelques pirouettes scénaristiques qui vont fondamentalement changer ça. Mais je ne pense pas que le souhait de cette série soit de révolutionner le Shônen Manga, et l’équilibre entre originalité, classicisme et imprévisibilité fonctionne particulièrement bien.

Certains développements restent néanmoins un tantinet capillotractés selon moi, je pense notamment à la fin du combat principal du tome 4. Original, certes, mais j’attends de voir de réelles explications scénaristiques sur le pourquoi du comment pour être réellement convaincu. Je ne peux pas me contenter du Deus Ex Machina actuel. Cela rejoint ce sentiment de confusion vis-à-vis des pouvoirs que je mentionnais précédemment.

Diamond and the reufs

Ce qui rend cette série particulièrement agréable à suivre, c’est avant tout les personnages et leurs relations. Personne n’est monochrome. Au contraire, ils brillent, telles des pierres précieuses au milles facettes multicolores. Très bien caractérisés, les personnages ont leurs forces, leurs faiblesses, leurs péchés mignons, leurs phobies et leurs traits de caractères propres. Personnellement, je suis souvent agacé par les locomotives ou les archétypes qui ne présentent que très peu de modulations, je suis donc ravi de vivre les histoires de Kai et ses compagnons aux réactions multiples et crédibles. Même constat du côté des “méchants” qui ne se contentent pas de juste l’être, estompant un peu le côté manichéen que l’on retrouve très souvent dans les shônen manga ou les jeux vidéo de cet acabit.

Des dessins étincelants

L’autre grande force de ce manga est indéniablement son style visuel. Sans être non plus une révolution, les décors se contentent d’être superbement exécutés, les chara-design très convaincants et les scènes d’actions parfaitement lisibles. Mention spéciale aux effets de feu et d’eau ainsi que les invocations d’animaux qui sont à tomber par terre. Bref, à l’instar du reste du manga, tout est fait à la perfection sans réinventer le genre, mais sans tomber dans le patchwork d’influences quitte à perdre sa propre identité.

Big

Visuellement impeccable

Un contexte et un univers très originaux

Une immense épopée est à venir

Des personnages convaincants

Souvent surprenant

Little

Des pouvoirs un peu confus

Quelques rebondissement un peu tirés par les cheveux

Ce titre manque cruellement de visibilité

Diamond in the Rough est une excellente surprise qui se lit facilement et avec grand plaisir.  La série peut se vanter d’être un Shônen Manga extrêmement solide grâce à un concept très original, des personnages très bien construits et des dessins somptueux. Sans réinventer le genre et malgré quelques imprécisions, la série a tout pour surprendre et plaire aux amateurs d’épopée grandioses dans de beaux univers dignes des plus grands jeux de rôles. 

Un joli petit diamant brut qui ne demande qu’à être découvert pour déployer l’immense potentiel qu’il renferme. Les 4 premiers tomes font une parfaite introduction pour s’intéresser à l’œuvre de Sasaki Nao.

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