Cigarette and Cherry
Tomes 1 à 11
❤ Coup de Coeur !!
Auteur : Daishirô Kawakami
Editeur : Big Kana
Date de Sortie : 18 Septembre 2020 (T1) au 02 Décembre 2022 (T11)
Genre : Tranche-de-vie / Comédie Romantique
Little Big Bilan

Disclaimer : Bien que cet article fasse le bilan sur la série complète, il est garanti sans spoilers. Le but est de rassurer sur la qualité du manga dans son intégralité, plutôt que de révéler tout ce qu’il s’y passe ! 

Tout commence par une rencontre à l’université. Il s’agit de sa première année à lui tandis qu’elle est déjà en terminale. Elle est donc officiellement la Senpai et lui le Kôhai, d’après le jargon estudiantin au Japon. D’ailleurs, nous n’apprendrons jamais le nom de ces deux personnages. Mais il n’est pas important de le connaître, car ces personnages sont vous et moi, tout le monde est le ou la Senpai de quelqu’un d’autre non ? En plus de les appeler Senpai et Kôhai, nous pouvons les surnommer Cigarette & Cherry. Et ça tombe bien, car c’est également le titre de ce manga en 11 tomes par Daishirô Kawakami dont le dernier tome est sorti début décembre 2022. Retour sur cette romance feel good qui fait partie de l’excellente Collection Life des éditions Kana. 

Cigarette & Cherry

Même si dans le manga, le Kôhai n’est jamais réellement appelé Cherry, il est intéressant de s’attarder sur le pourquoi d’un tel surnom dans le titre. En anglais, l’expression “to pop the cherry” s’utilise communément pour parler de “première fois”, et bien que cette expression soit couramment utilisée aujourd’hui pour tout type de contexte et pas forcément sexuel, son origine vient effectivement du fait de perdre sa virginité. Cette expression viendrait du fait que les cerises (cherry en anglais) poussent par paires, tout comme les testicules, sans grande subtilité. Bref, Cherry est une métaphore pour parler de la virginité du Kôhai dont c’est l’une des principales préoccupations. Cette virginité est d’ailleurs personnifiée sous forme de petit fantôme accompagnant le personnage dans toutes les situations, lui rappelant cette obsession qui le hante (de manière humoristique).

Quant à Cigarette, c’est le mythe de la femme fatale envoutante qui fait chavirer les cœurs depuis bien longtemps. Elle, qui masque ses émotions derrière le voile de fumée provoqué par sa cigarette, fascine par son air sévère et sombre. Un peu plus âgée, plus expérimentée, la maturité représente aussi un sujet de fantasmes chez certains et certaines. Quoi de mieux pour un jeune homme, puceau et terriblement impatient de découvrir la vie sexuelle, que d’imaginer être guidé par celle qui a déjà bien plus d’expérience en la matière ? 

Cigarette VS Cherry ?

Séduire est un art délicat”, telle est la phrase d’accroche sur la quatrième de couverture sur chacun des 11 tomes. Curieusement, la communication met un accent particulier sur la drague et la séduction. Me lecture a donc démarré avec l’appriori qu’il s’agirait probablement d’un gag manga mettant en scène les assauts répétés et désespérés d’un jeune homme essayant de draguer une femme aussi belle qu’inaccessible. Une sorte de Bip-bip Versus Coyote de la drague, avec l’échec en chute comme constante et comme comique de répétition. 

Heureusement, mes doutes ont été balayés dès la lecture du premier tome. Cigarette and Cherry c’est bien plus profond – et intéressant – qu’un simple Cigarette Versus Cherry, une synergie se crée très rapidement entre les deux personnages. Même si le Kôhai est extrêmement maladroit et inexpérimenté, sa candeur parvient à toucher très rapidement la Senpai. Son comportement sincère et spontané la fait craquer, elle et son masque, révélant au fil des tomes une sensibilité et une fragilité enfouies

Plus qu’une histoire de séduction, Cigarette & Cherry est avant tout une histoire d’évolutions. 

Café clope

Tout comme Central Perk dans la célèbre série TV Friends, le centre névralgique du manga se trouve dans un café dans lequel chaque personnage finit par avoir un emploi. L’entourage de la Senpai et du Kôhai est exclusivement composé de collègues. Ce sont des personnages hauts en couleurs, respectant certains archétypes d’écriture mais sans jamais tomber dans la parodie ou le mauvais goût. 

Blondinette”, “Namajime” ou encore “Mocchan” (ce sont tous des surnoms pour des personnages dont les noms ne seront jamais révélés non plus), gravitent autour du Café, engagé par le patron des lieux. Ce dernier est un vieux monsieur extrêmement bienveillant mais qui aime bien donner des petits coups dans la fourmilière pour secouer un peu tout ce groupe et faire avancer les relations. Il a toujours une idée croustillante derrière la tête et chacune de ses interventions devient donc une source de réjouissance pour le lecteur. 

Le fait que tous les personnages s’adressent les uns aux autres par des diminutifs ou des surnoms renforce non seulement l’immersion, comme mentionné précédemment, mais crée aussi immédiatement un lien affectif très fort entre tous ces joyeux lurons (et avec le lecteur, par extension). D’ailleurs, chaque personnage dispose de ses surnoms de prédilection pour ses camarades. C’est ainsi que Blondinette peut devenir “Le Gorille” ou bien le Kôhai qui restera jusqu’à la fin de la série l’éternel “Nouveau” du café. 

Une fois de plus, c’est l’évolution de tous ces personnages qui est réellement au cœur du récit. Et l’auteur s’en sort à merveille pour la représenter tant dans les dialogues que visuellement, grâce notamment à des tenues et des coupes de cheveux qui changent au fil du temps. Le parallèle entre les cheveux de Kôhai et ceux de Senpai entre le début et la fin de la série est très satisfaisant à observer. 

La conclusion de la série est absolument satisfaisante et cohérente. Toutes les problématiques sont résolues et nous avons également le droit au fameux épilogue se déroulant plusieurs années plus tard, mais avec un twist très charmant. Sans en dévoiler davantage pour ne rien divulgâcher (quel incroyable mot), en général les tomes finaux sont, pour moi, extrêmement importants, et celui-ci coche toutes les cases pour ne laisser aucune frustration.

Cerise sur le gâteau

Visuellement, le style de Daishirô Kawakami est un régal. Les planches riches en décors et en trames offrent des mises en scène superbes pour les personnages. Ces derniers sont extrêmement expressifs. Mention spéciale à Cigarette qui arbore un air souvent mélancolique mais chargé de micro-émotions face au feu d’artifice d’expressions du Kôhai et ses mimiques improbables (et tordantes !). 

J’ai très envie de rajouter que Cigarette est bien roulée, pour respecter un champ lexical, mais ce serait de mauvais goût. 

Au niveau du ton et du rythme, contrairement à certaines comédies romantiques qui se prennent trop au sérieux ou qui tournent en rond, Cigarette and Cherry avance avec un rythme particulièrement satisfaisant et arbore un ton toujours juste à chaque situation. Il faut cependant être habitué au romantisme à la japonaise où les personnages tombent amoureux très rapidement, souvent avant même de commencer une relation. Mais ça, c’est commun à la plupart des RomCom, tout comme la présence de quiproquos qui frisent l’absurde dont cette série n’échappe malheureusement pas non plus à quelques rares occasions. 

Les traits d’humour sont aussi très fréquents, mais font généralement mouche grâce à la crédibilité des dialogues et des interactions entre les personnages. La palme d’or revenant encore au Kôhai et ses réactions à 1000 à l’heure ainsi que ses discussions tourmentées avec ses pensées obscènes. 

Au niveau de l’édition, Kana offre un travail très satisfaisant avec des jaquettes aux textures mattes et qui présentent systématiquement un portrait de la belle Cigarette, la clope au bec. Pas d’effet de fabrication particulier, mais un sticker présent sur chaque tome, imitant les messages de prévention des paquets de cigarette, en les détournant pour coller au thème de la série. C’est un ajout rigolo mais dispensable et pas toujours très inspiré, selon les tomes. Cependant, le message mis en valeur en principal à l’avantage d’être un réel message de prévention, et on n’est jamais trop prudent avec la cigarette, surtout avec un manga qui en fait malgré tout légèrement l’apologie d’une certaine manière. 

Big

Des personnages très humains et très expressifs.

Un récit satisfaisant du début à la fin sans longueur.

Un style visuel et narratif très convainquant.

Un manga feel good.

Le fait qu’on ne connaisse aucun nom, très original et audacieux.

Little

Les tomes se lisent trop vite.

Attention avec l’apologie de la cigarette quand même.

Le Kôhai est un peu trop intense par moment.

Quelques situations un peu moins crédibles.

C’est avec un vrai pincement au cœur que je fais mes adieux à Cigarette & Cherry, le manga feel good par excellence à mon goût. Des tomes très (trop) vite lus, mais qui m’ont toujours procuré beaucoup de plaisir et d’émotions (les papillons dans le ventre !). 11 tomes – et pas un seul en trop – racontant une très belle histoire d’amour entre des personnages terriblement humains ainsi que leur évolution tant personnelle que relationnelle. 

J’ai été conquis par le style visuel et narratif de Daishirô Kawakami et j’espère que sa nouvelle série en cours au Japon, Misojibyô no Uta, arrivera rapidement dans nos mangathèques francophones ! 

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