Chiruran
Tomes 1 et 2
❤ Coup de Coeur !!
Chiruran
Auteur : Shinya Umemura & Eiji Hashimoto
Editeur : Mangetsu Shonen
Date de Sortie : 16 juin 2021
Genre : Action / Historique
Big Découverte

J’ai eu l’immense plaisir de pouvoir interviewer spAde, artiste-graphiste qui a réalisé le magnifique logo-titre de Chiruran, ainsi que tous les autres logos des éditions Mangetsu. Vous pouvez retrouver notre échange en fin d’article.

Ça y est, la machine est lancée. Les éditions Mangetsu avaient annoncé que parmi leurs nombreux projets, deux longues séries fleuves allaient les accompagner : Ao Ashi (dont vous pouvez retrouver mon article ici) et Chiruran. Disponibles depuis le 16 juin, les deux premiers tomes de cette série annoncent la couleur et promettent une aventure épique.

Série de quasiment 30 volumes parus au Japon, Chiruran est scénarisé par Shinya Umemura que l’on connaît en France pour être également scénariste de Valkyrie Apocalypse (paru chez Ki-oon). Il s’agit du premier manga publié du dessinateur, Eiji Hashimoto (à ne pas confondre avec son homonyme, grand musicien décédé en janvier 2021 à l’âge de 89 ans).

Une histoire de samouracailles

En 1859, alors que l’ère Edo arrive à sa fin en même temps que le shogunat de Tokugawa, un voyou équipé d’un sabre en bois se met en tête de défier tous les dojos de la ville pour prouver qu’il est le plus fort de tous les sabreurs. Ce voyou s’appelle Toshizô Hijikata, et du haut de ses 24 ans, il ne sait pas encore qu’il va devenir “le démon du Shisen Gumi”, un groupe de samouraïs dont il sera vice-commandant.

En 1912, la journaliste Makoto Ichikawa se lance le défi de rédiger un des articles majeurs de sa carrière, elle souhaite connaître les origines de ce fameux Shinsen Gumi. Elle choisit d’interroger un vieillard du nom de Shinpachi Nagakura, qui n’est autre qu’un des membres fondateurs de cette milice.

Le lecteur découvre donc, en même temps que la journaliste, la rencontre de Toshizô Hijikata et le reste de cette bande de racailles. Ce procédé narratif, bien qu’assez conventionnel, permet de distiller de manière intéressante les informations tout en jouant avec l’ironie dramatique. Quand c’est utilisé intelligemment, il est possible de créer des surprises très percutantes.

L’ironie dramatique, c’est quand le lecteur sait quelque chose que le protagoniste ne sait pas. Dans le cas présent, si on assistait à un combat à mort de Shinpachi Nagakura, on saurait qu’il s’en sortirait vivant, étant donné qu’on l’aperçoit dans ses vieux jours.

La narration est donc parfaitement efficace et rythmée de manière à garder le lecteur accroché au fil des chapitres. Notons également que, comme souvent, le récit utilise des contextes historiques et des personnages réels comme cadre pour une histoire fortement romancée, voire exagérée.

La fin du tome 2 ouvre sur le début d’un tournoi. Je suis très curieux de découvrir son développement, car la convention veut que les passages “tournoi” dans les manga sont souvent synonyme de facilité scénaristique. Mais rappelons-nous que le scénariste a également créé Valkyrie Apocalypse, manga qui est littéralement un tournoi aux proportions gargantuesques et divines et dont le développement est particulièrement original. Je fais donc confiance aux auteurs de Chiruran et j’ai de grands espoirs en une compétition phénoménale.

Un récit furiôseument construit

Le furyô est un genre de manga qui était au pic de sa forme dans les années 90. Dans la forme, ces récits sont souvent réduits au rang d’histoire de gangs de jeunes voyous qui se battent dans un contexte de guerres territoriales liées aux lycées et/ou aux quartiers.. Mais dans le fond, il y a des thématiques très fortes sur le sentiment d’appartenance, l’amitié, la loyauté, la famille.

Je trouve que dans l’introduction de ses personnages et leurs enjeux, Chiruran emprunte énormément au style Furyô. Remplaçons les quartiers et lycées par des dojos et le reste des codes peuvent s’appliquer de manière presque scolaire. Des bandes de voyous fortement hiérarchisées avec des archétypes de caractères bien définis se cherchent des noises pour provoquer des bastons. La passion pour la castagne l’emporte et de nouvelles alliances se créent, comme si les branches de l’arbre généalogique des racailles étaient en forme de sabres ou de poings. Je suis convaincu que cet aspect sert principalement d’introduction aux premiers tomes et que des enjeux beaucoup plus grands attendent nos samouraïs et leur soif de combat.

Des punchline tranchantes

Avec une bande de voyous, les punchlines sont de rigueur. Les répliques des personnages sont parfois plus affûtées que leurs sabres. C’est un vrai régal, sublimé par un travail de traduction et d’adaptation exemplaire et cohérent.

Bien que la violence verbale et graphique soit bien présente au fil des pages, les scènes comiques sont également légion grâce à certaines mimiques des personnages ou durant les dialogues. Contrairement à d’autres mangas dans lesquels je trouve que c’est mal équilibré et inapproprié, j’ai apprécié les traits d’humour dans Chiruran. Selon moi, le côté romancé et exagéré du récit se prête bien à des tentatives de désamorçage comique.

Une armée de personnages

La quantité de personnages à découvrir peut être déroutante initialement. Toshizô croise rapidement la route de tous les membres du dojo d’Isami Kondô. Cette fine équipe d’une dizaine de samouraïs est constituée d’archétypes très différents et complémentaires. Chaque personnage a l’air d’avoir une histoire passionnante à raconter. Vu sous cet angle, ce n’est absolument pas étonnant que le manga compte déjà quasiment 30 tomes au Japon, au moment d’écrire ses lignes. Dès le départ, la caractérisation de ces personnages se met en place et ils attendent chacun leur tour pour dégainer le sabre de leur récit personnel.

Toshizô porte le rôle de personnage principal au sein de cette narration sur plusieurs temporalités. C’est un personnage “locomotive” comme j’aime les surnommer. Vraie tête brûlée qui fonce avant de réfléchir, il n’hésitera pas à se surpasser pour réussir à atteindre ses objectifs. Cette description définit parfaitement l’essence même d’un héros conventionnel de Shônen Manga « nekketsu », et justifie la présence de Chiruran dans la collection Shônen de Mangetsu, malgré la parution dans un magazine Seinen au Japon, ainsi que la violence graphique du titre.

Des dessins affûtés

Graphiquement, Chiruran est un régal. Les dessins de Eiji Hashimoto sont généreux. Les pages sont riches en décors très détaillés, sans nuire à la lisibilité et mettant toujours en valeur tous les personnages. Il est difficile de croire qu’il s’agit là de la première œuvre publiée de ce mangaka. Il y a quelques rares maladresses dans certaines cases, notamment au niveau des visages. Mais, j’ai pu apercevoir quelques planches des derniers chapitres publiés au Japon, et la qualité des dessins atteint un niveau stratosphérique.

Les illustrations de couverture sont très simples d’un point de vue composition, mais parfaitement exécutées et mises en valeur par un travail sur la couleur très élégant.

J’ai également beaucoup apprécié le travail sur les phylactères (les bulles), dont le contour est organique et vivant grâce à des pleins et déliés au pinceau, en adéquation avec la puissance des propos tenus.

Une édition qui a de la dégaine

De l’extérieur, c’est un sans faute. La texture sablée de la jaquette est particulièrement agréable au toucher et met en valeur le travail spectaculaire de spAde sur un logo-titre de toute beauté (ne manquez pas son interview, ci-dessous!). Le marquage à chaud pour donner un relief métallique rouge donne tout son sens à la matière du sabre qui épouse la couleur du sang, c’est parfaitement élégant et cohérent. Le tout épouse les illustrations de couverture pour offrir des ouvrages qui sautent directement aux yeux.

Comme pour Ao Ashi, c’était finalement une très bonne stratégie de la part de Mangetsu de sortir les 2 premiers volumes simultanément, car avec autant de personnages à développer et une intrigue à mettre en place sur les décennies qui séparent les aventures de Toshizô et l’interview de Shinpachi, l’incipit est conséquent. J’ai moi-même beaucoup apprécié le premier volume, mais c’est lors de la lecture du second tome que j’ai vraiment été happé par Chiruran.

 

Page de l’oeuvre sur le site de l’éditeur

Big

Une édition parfaitement cohérente

Des dessins précis et efficaces

Un récit au potentiel gigantesque

Toute une panoplie de personnages qui ne demandent qu’à être développés

Little

Encore un personnage “Locomotive”

La violence pour un Shônen mériterait un avertissement pour les plus jeunes

Un développement “Tournoi” qui va devoir convaincre

Avec Chiruran, Mangetsu dégaine en offrant un titre fort avec un potentiel énorme grâce à un travail d’édition parfaitement exécuté.

Le contexte historique de la fin de l’ère Edo prouve une fois de plus qu’il s’agit d’un cadre idéal pour y inventer des récits de sabreurs légendaires. Le parti pris de raconter une histoire de samouracailles (je ne me lasse pas de ce jeu de mot), avec un traitement lorgnant intensivement chez les manga Furyô, est une idée très rafraîchissante qui permet de rompre l’aspect rigide que peut parfois impliquer ce contexte.

J’ai eu un vrai coup de coeur à rencontrer toute cette équipe, et je suis très impatient de découvrir la suite de leurs aventures tranchantes. Vite la suite !

Je vous laisse maintenant continuer sur cette même page (juste là dessous) pour découvrir l’interview de spAde le graphiste polyvalent qui a créé les logo-titres de toutes les sorties de l’éditeur.

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LBD

Bonjour Spade, merci infiniment de prendre le temps de participer à cet article avec moi. Pour commencer, saches que ça me tient à cœur car je suis particulièrement impressionné par ton travail. Est-ce que tu pourrais te présenter en quelques mots aux lecteurs de l’article ?

spAde

Tout d’abord merci, ça me touche que tu apprécies mon travail. Je m’appelle Tom «spAde» Bertrand, j’ai 30 ans. Je suis graphiste freelance pour différentes maisons d’éditions de manga pour lesquelles je réalise des couvertures / logos et des lettrages. J’ai tout récemment rejoint le Blackstudio, qui est un collectif de graphistes et traducteurs parmi les meilleurs, sinon les meilleurs sur le marché et je suis donc d’autant plus fier d’en faire maintenant partie.

LBD

Tu as visiblement beaucoup de cordes à ton arc. Est-ce que tu as suivi une formation dans le graphisme ou l’illustration ? Si oui, où ça ?

spAde

Oui, bien sûr ! J’ai suivi mon cursus à l’atelier d’Arts Appliqués (l’aAA), une très bonne école de graphisme qui se trouve à Angers, dans le Maine et Loire, qui comprenait un BTS en communication et médias imprimés précédé d’une année préparatoire en arts appliqués. J’y ai étudié le graphisme de manière général en passant de l’édition à la publicité, tout en explorant la typographie ou encore l’illustration. J’ai fait ces études pour mettre à profit ma passion : la création artistique. Elles ont été pour moi la poursuite d’un apprentissage autodidacte vers une professionnalisation.

LBD

En tant que graphiste moi-même et grand fan de manga, je conçois que ton travail doit faire fantasmer beaucoup de personnes qui se lancent dans le graphisme. Comment es-tu arrivé dans ce milieu ?

spAde

J’ai l’impression que ce métier reste encore méconnu, non ? Il faut dire que c’est un peu un métier de l’ombre. Un logo ou un lettrage est souvent considéré comme une évidence sur un manga, et on pense rarement aux artistes / graphistes derrière. On les remarque souvent lorsqu’il y a quelque chose qui cloche ou qui ne rend pas bien. Pour ma part, je suis ravi et m’épanouis à travailler dans le manga. A dire vrai, c’est un peu par hasard si j’y ai débarqué. J’ai tout simplement postulé chez Akata, qui m’a répondu de suite, et la machine s’est lancée. J’ai toujours voulu travailler dans le domaine de l’édition tout en sachant que c’était un secteur relativement bouché. Finalement mon métier combine deux domaines que j’affectionne particulièrement, l’édition et le manga. Que demander de plus?

LBD

Étais-tu un fan de manga avant d’arriver dans le milieu de l’édition ? Si oui, quels sont quelques-uns de tes titres favoris ?

spAde

J’ai toujours eu une appétence pour le manga. Enfant, je regardais déjà les animés à la télé sans savoir que ça venait du Japon, j’étais un fan de Digimon. Sans parler du merveilleux studio Ghibli ou encore les films poétiques de Makoto Shinkai. Je pense que c’est l’animation qui m’a amené vers le manga papier. Je ne suis pas pour autant un dévoreur de manga mais j’aime cibler mes lectures sur des genres qui m’intéressent plus. J’adore l’incontournable Death Note ou encore Hellsing, Fairy Tail, l’Attaque des Titans. J’ai adoré Erased chez Ki-oon ou encore The Promised Neverland chez Kazé. Généralement j’aime lorsqu’il y a une intrigue ou un mystère qui plane. En ce moment c’est l’Atelier des sorciers qui me transporte.

LBD

J’ai vu qu’en plus de Mangetsu tu collabores aussi avec les éditions Akata, Chattochatto et Pika. Est-ce que depuis l’arrivée de Mangetsu, tu continues à travailler en mode électron libre avec différents éditeurs, ou est-ce tu deviens un peu plus le graphiste «in house» de Mangetsu ?

spAde

Comme, je te le disais, j’ai commencé à travailler pour Akata puis j’ai cherché à développer mon activité auprès d’autres maisons d’éditions et depuis je collabore avec Chattochatto et Pika. Martin du Blackstudio, déjà en relation avec Sullivan, est venu me chercher pour me proposer de réaliser les couvertures de Mangetsu. Ce qui, je ne te le cache pas, remplit bien mon emploi du temps. Pour autant, je m’occupe également d’une bonne partie du catalogue d’Akata que ce soit au niveau des couvertures ou des lettrages. Même s’il serait plus simple de concentrer mon activité sur une seule maison d’édition, pour une question de planning par exemple, je prends beaucoup de plaisir à travailler avec l’équipe d’Akata qui m’a donné l’opportunité de mettre un pied dans ce milieu, et pour cela je leur serai reconnaissant longtemps. Ce qui me plaît également, à travailler avec différentes maisons d’éditions, c’est la pluralité de genres que je peux découvrir et sur lesquels je peux apporter ma touche perso. C’est un challenge de sans cesse se renouveler en fonction des œuvres très éclectiques et en fonction des directeurs éditoriaux.

LBD

Je suis curieux de découvrir ton workflow, comment se passe un projet type pour la création d’un «logo-titre» d’une série ? Quelles sont toutes les étapes entre le brief initial et le rendu du projet ?

spAde

C’est une vaste question ! Généralement l’éditeur me fait une proposition de projet en me délivrant un cahier des charges. Ensuite, il me fournit les fichiers sources, puis je commence à travailler. Je peux me documenter lorsque le sujet est très ciblé, par exemple pour réaliser le logo de Freaks’ Café, je me suis inspiré des devantures et des enseignes de bistrot, de café. Je n’ai, bien entendu, pas qu’une méthode pour créer un logo. En fonction de la tonalité voulue, de mon inspiration, je vais le traiter différemment. Je peux le réaliser numériquement à la tablette graphique, à l’aide de polices de caractères ou encore le faire à la main pour donner un aspect traditionnel, c’est le cas sur Keiji qui est fait au pinceau et à l’encre ou encore sur Avec Toi que j’ai dessiné aux pastels. Et puis, j’aime varier les techniques, tout en étant attentif à ce qu’il s’inscrive dans son époque. Comme les logos de manga sont souvent très stylisés, je dois être vigilant à ce qu’ils ne soient pas passés de mode. L’idée c’est de réaliser, autant que faire se peut, un logo pérenne. D’ailleurs, l’appellation logo pour un titre de manga n’est pas dénuée de sens car il deviendra la marque de la série. Il doit donc pouvoir vivre seul et sur les supports de communication, en plus de dialoguer avec les illustrations des jaquettes. En fonction de mon inspiration et/ou de la demande du mandataire, je peux fournir plusieurs propositions, qui seront retravaillées, remodelées. Il y a toujours des allers-retours pour livrer un logo qui répondra au mieux à la demande. Et puis, dans tout ça, il y a aussi une part de subjectivité et de sensibilité de chacun. Une fois qu’un logo et sa jaquette sont validés par l’éditeur, c’est aux ayant-droits japonais de donner leur feu vert.

LBD

Est-ce que tu lis un extrait du manga pour t’inspirer, ou le brief du mandataire te suffit ?

spAde

Généralement le brief est suffisant car il indique déjà la tonalité du projet. En fait lorsque je réalise la couverture ce n’est pas rare que le lettrage ne soit pas encore réalisé. C’est donc difficile d’y avoir accès. Le plus simple c’est quand je fais les deux, à la fois le lettrage et le logo. Ça me donne la possibilité de lire le manga d’une certaine façon, comme pour «Avec Toi» de Keiko Nishi par exemple. À la différence, pour la collection Junji Ito, le travail est assez particulier, notamment parce qu’il faut créer une direction artistique cohérente. J’ai donc fait en sorte de lire certaines de ses nouvelles et de ses œuvres phares pour saisir au mieux l’ambiance de cet auteur.

LBD

Personnellement, je suis allergique aux briefs «carte blanche» dans le graphisme, je préfère recevoir des consignes très précises de la part de clients qui savent ce qu’ils veulent. Et toi ?

spAde

Ça dépend, lorsque certains projets m’inspirent d’office je préfère avoir carte blanche, tandis que d’autres, qui me semblent plus complexes, nécessitent un brief plus précis. Mais généralement, je préfère avoir un certain champs de liberté pour ne pas me sentir étriqué dans la création. Par exemple, sur «La Métamorphose» de Bargain Sakuraichi chez Akata le brief était assez simple : une ambiance littéraire, ce qui m’a laissé une bonne marge de manœuvre. Après, même sans brief particulier, le travail sur les jaquettes comporte déjà en soi des contraintes. Il faut composer avec l’illustration de la couverture, et proposer un logo qui est en cohésion avec les couleurs de la jaquette et la position des protagonistes. Le brief est surtout utile pour ne pas être complètement à côté de la plaque et que le logo entre en adéquation avec le fond et la forme de l’œuvre.

LBD

Quel est le logo-titre dont tu es le plus fier visuellement dans ta carrière ? Personnellement je trouve ce que tu as fait pour Chiruran vraiment magnifique, mais aussi celui de Butterfly Beast, à paraître un peu plus tard cette année chez Mangetsu.

spAde

Forcément, j’en préfère certains à d’autres. Je dois dire que je suis particulièrement fier du travail réalisé pour «Kanon au bout du monde» de Kyô YONESHIRO chez Akata. Au delà de la création du logo, c’était aussi sa mise en place et le travail de composition des jaquettes qui a rehaussé le tout. Celui de Chiruran, qui a bénéficié d’une bonne visibilité, me plaît aussi beaucoup bien entendu. C’est d’ailleurs la première fois que j’ai eu d’aussi bons retours des ayant-droits japonais, qui souhaitaient s’en servir pour leur animé ! La consécration ! Un autre logo d’un titre qui va sortir chez Pika mais que je ne peux pas dévoiler est vraiment chouette aussi… Surprise !

LBD

Lors d’un live sur Twitch de Mangavore qui avait invité une bonne partie de l’équipe Mangetsu, j’avais entendu une anecdote très intéressante de la part de Sullivan Rouaud, le directeur de collection, concernant la création du logo-titre de Chiruran. Est-ce que tu pourrais la partager avec les lecteurs ?

spAde

Sans trop dévoiler les coulisses de la production, c’était durant un moment de rush où j’avais 4 logos à réaliser en une semaine. Je crois bien que le stress d’une deadline courte a stimulé ma créativité. J’ai proposé comme première idée le logo de Chiruran, qui a toute suite tapé dans l’œil de Martin et ensuite de Sullivan. C’est quelque chose qui fait vraiment plaisir quand ça se passe de cette manière, parce que tous les logos ne sont pas validés comme ça du premier coup.

LBD

As-tu déjà eu des projets que tu as trouvé très compliqués ? Peu inspirant pour toi ou techniquement difficile à réaliser ?

spAde

Oui, tous les projets ne sont pas inspirants de la même manière. Sur certains, je sais d’office ce que je vais faire alors que sur d’autres je tâtonne un peu plus. D’ailleurs, il y a une contrainte qui revient assez régulièrement c’est de passer d’un titre VO à la verticale à un titre VF à l’horizontale. Ce n’est pas toujours évident sachant que les illustrations peuvent être pensées selon le placement du logo original. En fait, il y a tout un éventail de données à prendre en compte, le placement, la couleur, la densité/taille etc… tout ça doit vivre sur l’illustration.Par exemple sur Aime Ton prochain aux éditions Akata, j’ai un peu galéré car je trouvais l’illustration trop vide. Après plusieurs essais et en prenant du recul, je me suis dit, je recommence tout à zéro et finalement, je suis très content du rendu final.

LBD

Il me semble que tu as des projets personnels artistiques en dehors de ton travail, est-ce que tu veux en parler en quelques mots ?

spAde

À côté de ma profession de graphiste, je suis sur des projets de manga, à la fois au scénario comme au dessin. En fait, ça m’a toujours plu de raconter des histoires, d’imaginer des aventures, et le média du manga est un bon instrument pour ça. Je réalise également des peintures sur toile à mes heures perdues.

LBD

spAde, encore merci de m’avoir accordé un peu de ton temps. As-tu une dernière chose à ajouter aux futurs lecteurs de Chiruran ?

spAde

J’espère qu’ils apprécieront l’œuvre dans son ensemble autant que nous avons apprécié travailler dessus, car c’est une série qui a un gros potentiel ! A bientôt ! Merci pour tes questions, j’espère que ça aura intéressé tes lecteurs. J’aimerais également remercier les éditeurs avec qui je travaille, pour leur confiance et pour les super projets qu’ils me confient, et aussi parce qu’ils ont le soucis de mettre en avant leurs prestataires, ce qui fait toujours chaud au cœur ! À la prochaine et lisez des mangas !

LBD

J’ai hâte de découvrir tes prochains projets ! A tout bientôt !

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