Présenté la première fois lors d’une émission en live sur Twitch, Butterfly Beast a instantanément attiré mon attention pour deux raisons. Curieusement, le premier élément qui m’a captivé fut le logo-titre du manga. Ce papillon de sang formant la lettre B est une trouvaille graphique si élégante et intéressante que je fus immédiatement pris d’une grande admiration pour spAde, le talentueux graphiste l'ayant réalisé. C’est d’ailleurs ce jour-là que nous sommes entrés en contact lui et moi, et que nous avons commencé à organiser l’interview que vous pouvez retrouver à la suite de mon article de découverte sur l’excellente série Chiruran (également parue chez Mangetsu).
Dans un second temps, c'est le dessin de la couverture qui a provoqué chez moi une réelle fascination. Tant d'émotions cohabitent dans ces dessins dépeignant la belle Ochô et son regard plein de cruauté, de tendresse, de tristesse et d’amour. L'auteur ne faisant pas les choses par hasard, ce sont précisément ces émotions qui m'ont accompagné durant la lecture de ses tomes.
Chenille
Yuka Nagate n’est pas une mangaka inconnue du marché francophone, sa série ayant précédé Butterfly Beast (et sa suite, nous y reviendrons) ainsi que ses deux œuvres suivantes ont été traduites et éditées en français. Cependant, Butterfly Beast semble avoir été boudé un long moment (la série date de 2012) avant de finalement recevoir à son tour une adaptation grâce à Mangetsu, l'éditeur qui a su récompenser la patience des fans de la mangaka grâce à un magnifique travail d'adaptation et de conception.
Au Japon, la série Butterfly Beast a subi quelques turbulences car le Comic Bunch, le magazine qui le pré-publiait, s'est arrêté, tout comme les séries qui y figuraient. Ce manga a donc eu une fin prématurée dès son second tome. Cependant, l’auteur a su se relever et proposer une suite directe à son histoire, sobrement intitulée Butterfly Beast II, grâce à un nouvel éditeur. Cette suite en cinq tomes sortira en 2022 en français, toujours chez Mangetsu.
Le cas de cette série est donc assez particulier car les deux tomes forment une série complète, tout en laissant comprendre qu’une suite directe existe et sortira bientôt.
Chrysalide
Prenant place dans le Japon de l’ère Edo en 1635, Butterfly Beast raconte l’histoire de la double vie menée par Ochô, courtisane le jour et assassine la nuit, une femme fatale au sens propre comme au figuré. Sa mission est de traquer et d’exécuter les “réprouvés”, d’anciens guerriers s’étant engagés dans des activités criminelles, car incapables de s’intégrer dans la société depuis que les guerres sont finies. Mais cette double vie va confronter Ochô à ses vieux démons qui vont ébranler sa détermination en la forçant à faire certains choix.
Le terme “Butterfly Beast” est une oxymore qui sied parfaitement au personnage d’Ochô. Tout comme la double vie très contrastée qu'elle mène, elle doit être une bête féroce et sauvage, alors que tel le papillon majestueux et impressionnant, ses ailes sont très fragiles.
Bien que ce personnage soit très intéressant, j’ai trouvé que son histoire avait des enjeux plutôt confus. Beaucoup de personnages interviennent et provoquent des réactions à différents niveaux chez elle, mais il m’a semblé laborieux de comprendre toutes les relations et passifs qu’elle entretenait avec chacun d’entre eux. Ma lecture de Butterfly Beast m'a semblé difficile à suivre et je pense que le rythme oscillant entre action viscérale et mélancolie contemplative, aurait pu offrir quelques nuances de plus pour ne pas me perdre. Je me demande si ce ressenti est dû à l’arrêt prématuré de la série et je suis d’autant plus curieux de découvrir comment la suite sera développée.
En soit, je trouve que Butterfly Beast est une lecture très intéressante, mais j'ai manqué quelques clés de compréhension pour en ressortir vraiment satisfait.
Papillon
Bien que le fond ne m’ait pas entièrement convaincu, j’ai été absolument ravi par la forme. D’une part, les dessins de Yuka Nagate sont précis, généreux et terriblement expressifs et les cases fourmillent de détails sans jamais perdre en lisibilité.
D’autre part, le travail d’édition de Mangetsu est un sans faute d’élégance. Les superbes dessins de couverture se marient à merveille avec ce logo-titre époustouflant dont je ne me lasserai jamais. Des pages couleurs en début de chacun des deux tomes permettent de profiter davantage du grand talent de la dessinatrice.
Des dessins somptueux et de superbes pages couleurs.
Ce logo-titre incroyable !
Le fascinant personnage d’Ochô, forte comme une bête et fragile comme un papillon.
Un récit au rythme inégal rendant l’expérience de lecture un peu confuse
L’arrêt du magazine de prépublication se fait ressentir dans le développement.
Viscéral et mélancolique, Butterfly Beast part d’un postulat très intéressant et est doté de dessins exceptionnels. Porté par le fascinant personnage d'Ochô, le titre peine malheureusement à déployer totalement ses ailes et offre une expérience de lecture un peu confuse. L’arrêt prématuré de la série a dû jouer en la défaveur d’un développement optimal, c’est pourquoi je suis très curieux et enthousiaste de retourner dans ce récit grâce à la suite du manga à paraître en 2022.