Faire ce qui est évident
Qu’est-ce qui est évident dans la tête d’un jeune footballeur autodidacte et autoproclamé « attaquant de génie » ? Pour lui l’évidence c’est d’être un bon buteur pour faire gagner son équipe, tout dans la pratique et peu dans la théorie. Mais Ashito ne comprend pas, ses camarades lui en veulent, son évidence à lui n’est visiblement pas l’évidence des autres. Ce tome commence avec un match de football qui se termine sur des visages enragés face à un Ashito déconfit. Qu’est-ce qu’il a mal fait ?
Cette question va le hanter pendant le reste du tome centré sur la tentative de remise en question de ce jeune joueur orgeuilleux. Hana, qui le soutient depuis le début et lui propose des menus adaptés aux sportifs, essaie de le raisonner en lui proposant une balade à vélo et discuter. Elle lui confie qu’elle connaît un autre garçon qui a le même regard déterminé et cette même lueur borderline dans les yeux. Elle lui conseille de se ménager et de ne pas négliger son entraînement, son repos et son alimentation. Mais Ashito n’est pas un garçon facilement raisonnable, et face à cette déclaration, il réagit de manière désagréable, orgueilleuse et agressive. Pourquoi tout le monde s’obstine à lui parler de ce qu’il faut faire et des évidences ? En réalité, Ashito est perdu.
Quelle est la chose la plus difficile à faire pour une personne têtue comme une mule ? Reconnaître ses torts et surtout reconnaître de ne pas comprendre. Et c’est finalement sur cette remise en question qu’il essaie d’ouvrir le dialogue. Malheureusement, son raisonnement reste centré sur lui-même et ses camarades s’agacent davantage.
Ce tome de remise en question est réellement intéressant quand on prend le temps d’observer la détresse d’Ashito, son évidence footballistique est d’être centré sur lui-même depuis toujours et c’est réellement compliqué pour lui de comprendre que sur le terrain, ils sont 11. C’est à la fin du tome qu’Ashito atteint un état second où il est capable de « voir » la position de chaque joueur sur le terrain. Au final, c’est un état proche de ce qu’on verrait dans un shônen Nekketsu avec le développement d’une sorte de sixième sens. N’étant pas footballeur moi-même, je me pose la question sur le réalisme de ce concept, mais c’est vraiment grisant et c’est une belle métaphore sur la prise de conscience de ce qu’est de jouer en équipe.
Un tome intéressant, centré sur la remise en question.
Une conclusion grisante !
Rien à redire !
Avec son tome 5, je pense qu’Ao Ashi confirme son statut d’oeuvre intelligent et mature. Quasiment l’entièreté du volume est consacrée à la remise en question d’un jeune footballeur en détresse. Ce plongeon dans l’introspection permet à Ashito de remonter à la surface de manière fulgurante grâce au retournement de situation en fin de tome, et c’est une franche réussite. De quoi rendre fébrile pour la suite dont j’ai très très hâte !
